Le goût du terroir

Alice et Yann travaillent 1,5 hectare de vignes à Kaysersberg. Ils y cultivent trois variétés de vigne (cépages) : Auxerrois, Pinot Gris et Pinot Blanc. Les jeunes vignerons font deux cuvées, dans lesquelles les trois cépages se retrouvent.

« Historiquement, on faisait du vin avec plusieurs cépages. Et les gens savaient qu’en fonction des terroirs, on avait des profils de vins complètement différents. C’est d’abord l’endroit qui va donner ton vin. » – Yann

Ces assemblages capturent en effet les nuances du terroir. En d’autres termes, chaque cépage reflète à sa manière les influences du sol, du climat et de l’environnement où les raisins ont mûri.

Leurs vignes poussent sur un sol granitique exposé à l’ouest. Cette orientation, relativement rare en Alsace, génère de l’humidité, favorable à la présence d’herbe et de matière organique. Cette « Côte Ouest » permet ainsi d’obtenir des vins avec une belle structure en bouche : « On a quand même une matière plutôt large, plutôt généreuse en entrée de bouche. Tu sens le terroir » estime Yann.

A partir de leurs raisins, Alice et Yann produisent un vin blanc et un vin orange (vin blanc vinifié comme un vin rouge). Leur premier millésime (2022) a été élevé dans leur cave, au cœur des fortifications Vauban à Neuf-Brisach.

Produire à petite échelle

Au-delà du terroir et des cépages, le vin est aussi façonné par les méthodes de culture… Installés sans emprunt bancaire et hors cadre familial, Alice et Yann ont opté pour une production à petite échelle.

Ils n’utilisent ni tracteurs ni équipements lourds dans le vignoble. Adaptée aux petits volumes, cette approche leur permet de prendre soin du sol et de leurs vignes – de la racine au raisin. Aussi, en limitant les rendements et en évitant les additifs chimiques, ils accentuent les arômes de chaque grappe.

Leur projet a été dimensionné pour qu’il soit réalisable à deux. La production reste gérable, avec des vendanges limitées à 400 kilos par jour. « Tout ça rentre dans notre pressoir, on remplit le pressoir à la main, et on presse au cliquet, à la main », explique Alice. En cave aussi, ils travaillent de manière artisanale… Et sans électricité !

Non mécanisés sur une petite surface, ils minimisent les risques financiers associés aux gros investissements. Leur objectif est de générer l’équivalent d’un SMIC en produisant environ 3000 bouteilles par an, vendues à 15 €.

Une culture soignée et durable

Contrairement à certaines pratiques qui surmènent les vignes pour une production intensive sur quelques années, Alice et Yann cherchent à conserver et à valoriser leur patrimoine viticole. Ils prennent soin de leurs vignes pour en assurer la longévité et la qualité. Par exemple, ils optent pour une taille courte, contre le traditionnel Guyot double :

« Plutôt que de sélectionner deux belles branches, on va garder un petit peu de bois partout, qu’on va tailler très court, pour garder un flux de sève plus homogène et naturel, faire moins de plaies de taille » – Alice.

Cette technique permet de préserver la plante à long terme. Leurs vignes, âgées de 30 à 50 ans, peuvent vivre bien plus longtemps ! Et une vigne bien entretenue devient plus résiliente avec le temps et développe un enracinement profond. L’objectif est clair : « on a envie de préserver le patrimoine qu’on a et de le faire perdurer dans le temps ! » affirme Yann.